Faire du vieux avec du neuf
Les monstres que nous avons dedans, comme les appelait l’excellent Giorgio Gaber, ont la sale habitude de se déguiser. On croit que c’est d’une certaine peur qu’il s’agit, que c’est ça qui nous pourrit la vie, et on ne comprend pas pourquoi, alors qu’on pense avoir digéré, compris, dévoilé, réfléchi, pourquoi diable ça continue à nous pourrir la vie : et accessoirement à pourrir celle de notre entourage.

C’est que quand on trouve un déguisement, le monstre s’est déjà taillé, et déguisé à nouveau en autre chose.

Trouver une méthode pour attraper le monstre, c’est là toute la difficulté. Pour lui poser des pièges, il faut le connaître. Et pour le connaître, il faut l’attraper. Ça pourrait bien être un cercle vicieux, et sans fin, si seulement les cercles vicieux n’avaient cette particularité d’avoir toujours une faille.
Ces monstres ne sont pas des inconnus extérieurs. Même si ils sont inconnus au bataillon de nos pensées conscientes, c’est bien de nous dont il s’agit. Et pour les cerner, nous avons quand même un certain nombre d’indices : les déguisements qu’il se sont choisis. À force, quand même, et avec patience, on peut prévoir le prochain déguisement, et le piquer avant que le monstre ait le temps de l’enfiler, puis de se tailler à nouveau.

Et là, le roi est nu. Et le monstre, en fait, se révèle en général être un chaton.